
Dix ans. Dix ans que je dénonce l’usage du mot "problème" dans l’item "résolution de problèmes mathématiques". Dix ans à proposer, en vain, aux Conseillers pédagogiques – y compris les spécialistes des mathématiques – de remplacer ce terme anxiogène par "énigme". Rien ne bouge.
Pourtant, les chiffres sont sans appel. Les résultats des tests PISA et TIMSS plongent la France dans les bas-fonds de l'OCDE. Et malgré cela, on s’accroche à un langage qui pénalise encore plus nos élèves. Pourquoi ?
Les neurosciences le prouvent : les mots façonnent notre perception et influencent nos capacités cognitives. Or, que véhicule le mot "problème" ? Crainte, difficulté, échec. Dès l’enfance, il est associé aux soucis du quotidien : les "problèmes" des parents à la maison, les "problèmes" entre camarades dans la cour de récréation… Autant dire que la charge émotionnelle est lourde avant même d’ouvrir un cahier de maths.
Et pourtant, on continue d’ignorer cet impact. Pire : de nombreux enseignants évaluent la résolution de "problèmes" mathématiques uniquement à travers le résultat arithmétique, sans tenir compte des blocages liés au langage et à la compréhension. Un seul mot mal interprété, et l’élève est perdu.
J’en ai fait l’expérience dans mes recherches auprès d’élèves de CM1 et CM2 : le mot "problème" est un déclencheur de souffrance et de stress. Un obstacle supplémentaire dans un exercice déjà complexe.
Alors, que fait-on ? Rien ? Ou bien décide-t-on enfin d’adapter notre vocabulaire au XXIᵉ siècle ?
Les nouveaux programmes 2025 placent la résolution de problèmes (ou plutôt d’énigmes) au cœur des mathématiques. Il est temps que notre langage suive.
En conséquence, plus de “résolution de problèmes”, mais une “recherche dans le cadre d’une énigme mathématique”.
Oscar Rensac
A voir, (comme quoi je ne suis pas tout seul ... :
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